Visions chamaniques : L’imaginal et l’Ayahuasca est sorti aux éditions Véga en septembre 2021. Voici l’introduction qui ouvrira les premières pages de ce livre : Ce qui fascine le plus dans l’univers chamanique en général, et dans la transe chamanique en particulier, est l’univers des visions que l’on y trouve. Ces visions qui portent des enseignements venus d’un univers mystique et spirituel, habité par des esprits et des entités bienveillants ou néfastes, ces visions auxquelles les chamanes accèdent pour guérir les gens, pour leur donner les messages dont ils ont besoin pour réussir à avancer dans leurs vies ou se sortir d’une problématique particulière. Dans ces visions, on peut croiser une part de nous-même, un ancêtre oublié ou certains de ses habitants, et tout cela existe dans un espace immense, infini, dans lequel on semble se perdre parfois.
Depuis quelques années que l’on parle beaucoup de l’Ayahuasca, que cela soit dans des livres, dans des films ou dans des reportages à la télévision, ces visuels ou tout du moins des rendus de ces visuels que l’on y présente sont ce qui impressionne généralement le plus. C’est devenu en quelque sorte la partie tangible et concrète du chamanisme, sa vitrine sur le monde. Au point même que beaucoup de personnes jaugent souvent la qualité de leur expérience chamanique sur la base de la qualité des visions qu’elles ont pu percevoir.
La plus grande interrogation des personnes qui ont découvert cet univers pour la première fois est de savoir si cet espace existe à l’intérieur de nous, ou si c’est l’esprit qui voyage jusqu’à lui, si l’on vient chercher ces messages en nous-mêmes ou s’ils viennent d’ailleurs. Cet espace, l’imaginal, et ces visions que l’on peut en avoir, est au cœur de cet ouvrage. Nous avons passé plusieurs années à travailler en tant que chamane ayahuasquero dans l’Amazonie en Equateur, et nous nous sommes intéressé à ces visions, à leurs natures, ce qui les différencie selon leurs sources ou leurs fonctions respectives, leurs réalités spécifiques, pour arriver à dresser cette « classification » des visions. Si nous abordons la notion d’imaginal comme étant une réalité objective, il est évident qu’il y aura une large part subjective dans nos conclusions. Déjà parce que nous sommes obligés d’utiliser notre propre représentation interne pour collecter les informations permettant d’atteindre ces conclusions, mais parce que ces informations n’existent que dans l’expérience chamanique vécue pleinement. Sachant cela, nous avons tout fait pour nous rapprocher le plus possible de ce qui pouvait apporter l’objectivité nécessaire à ce travail que nous avons entrepris ici, et que notre vision de ces visions soit la plus générique possible. Cela étant dit, nous avons toujours travaillé avec l’Ayahuasca, et seulement occasionnellement avec d’autres techniques de transe (San Pedro, respiration holotropique, hypnose), sur le principe cela ne change en rien la réalité de l’imaginal, mais cela affecte néanmoins la manière dont il sera perçu. Les types de visions seront les mêmes pour toutes les expériences chamaniques, mais leurs formes et leurs visuels seront différents, tout comme la réalité de chacun va influencer les perceptions de ces visuels. La spécificité de l’Ayahuasca sert ici d’exemple pour décrire ces visions et cet univers imaginal. Le voyage chamanique est une odyssée qui change les gens qui l’entreprennent. Ils y plongent, s’immergent dans ces visions pour y trouver les symboles, les messages et les informations qui leur permettront de continuer à avancer dans ce voyage qu’est leur vie, à se découvrir eux-mêmes. Mais cette immersion prend tout son sens lorsque l’on est vraiment capable de comprendre ce monde et son langage.
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