Entre unité, dualité et trinité, que sommes-nous ?

Dans mes précédents articles (comme « Nos deux visages« ), j’ai longuement parlé de cette notion de dualité qui nous constitue à tous les niveaux, que cela soit comportementaux, existentiels ou même physique, et comment notre unité même naissait de cette dualité, celle-ci devenant une force nous permettant de tendre vers l’unité. Le décalage qui existe du fait de cette dualité entre notre Soi et notre égo est ce qui va permettre à un mouvement de se mettre en place. Ce mouvement sera centripète pour des personnes qui choisissent d’avancer vers elles-mêmes et d’opérer un rapprochement entre cet égo et leur Soi, ou centrifuge chez les personnes qui prennent peur et préfèrent se rapprocher ou s’accrocher à leurs attachements et leurs illusions. Mais dans les deux cas, cette force va induire un mouvement, une dynamique qui sera directement liée à cette unité vers laquelle nous voulons naturellement tendre.

Mais cette unité n’est pas uniquement permise par les forces en mouvement de notre dualité, ces forces existant dans un mouvement intérieur/extérieur, elle dépend aussi d’autres forces qui se développent dans une dynamique cyclique. Dans la tradition indienne, tout ce qui existe est régit par trois forces représentées par les trois grandes divinités que sont Brahmâ, Vishnu, et Shiva, chacune incarnant respectivement les forces de création, maintien et destruction. Que cela soit nos cellules, notre planète, ou une galaxie, tout ce qui est fonctionne dans une dynamique imposée par ces trois forces. Quelque chose va naître, se maintenir, avant d’être détruite. Les forces de création et de maintien existent parce que la force de destruction est possible. Shi-va peut se traduire littéralement par « ce qui n’est pas« , c’est à la fois le rien et le tout, car tout ce qui est, vient de ce qui n’est pas. Rester en vie, maintenir ce qui a été créé se fait en luttant contre le deuxième principe de la thermodynamique qui nous entraine inexorablement à retourner vers la destruction et ce qui n’est pas.

unité, dualité et trinité

On pourrait être tenté de regarder cette dynamique sous une perspective manichéenne, et la considérer en termes de bien ou de mal, mais la destruction est indispensable à l’existence même de la création et du maintien, sans destruction, la création n’existerait pas et il n’y aurait rien à maintenir, c’est le principe fondamental de la mort de l’égo (cf « L’apologie de mort« ). Il n’y a donc pas de notion de bien ou de mal dans ces principes fondamentaux, mais uniquement dans la morale subjective que l’on applique à une observation de quelque chose. On retrouve ce principe induit par ces trois forces jusque dans nos comportements et dans notre capacité à justement faire évoluer notre égo pour aller vers notre propre unité. Dans ce contexte, la destruction devient même la force qui permet le mouvement et l’évolution, donc la vie. Pour construire nos comportements, nous nous appuyons sur les croyances que nous avons déduites de précédentes expériences, nous créons ces croyances qui vont permettre à nos comportements d’exister de manière cohérente et apporter une certaine intégrité à l’égo que nous manifestons. Nous maintenons notre comportement au travers des situations de vie, lui permettant de faire l’expérience de nouvelles choses, et c’est ce même maintien, cette même confrontation de nos comportements aux expériences de vie, qui vont entrainer la mutation et la destruction de nos croyances.

unité, dualité et trinité

C’est un principe inévitable et souhaitable. Nous sommes dans la vie justement parce que nous avançons vers cette destruction, vers ce retour à ce qui n’est pas. De ce point de vue, cette force que représente Shiva est la manifestation la plus importante de toute cette dynamique. Lorsque l’on considère un atome, nous sommes naturellement enclins à visualiser son noyau et les électrons qui gravitent autour, nous concentrant naturellement sur les manifestations des forces de création et de maintien, mais nous oublions de considérer ce que l’on appelle le vide entre les deux et que l’on représente dans une proportion infime de sa dimension réelle tant il est immense. C’est cette espace qui permet le maintien de la création, qui lui donne sa cohérence et son intégrité.

Lorsque l’on existe dans un espace où notre dualité est une force centrifuge, on s’éloigne de nous-mêmes et on entre en opposition à la dynamique naturellement imposée par ces trois forces. Cela ne veut pas dire que l’on arrive à s’éloigner de la destruction, c’est évidemment impossible, mais notre esprit cherche à s’en éloigner, et nous perdons notre intégrité et notre cohérence. Lorsque nous cessons de chercher la destruction de nos anciennes structures égotiques devenues obsolètes en tentant désespérément de maintenir ce qui ne nous correspond plus, nous nous écartons de la création et de la dynamique de la vie elle-même. Paradoxalement, en essayant d’entrer dans l’inertie pour nous prévenir de la destruction, nous avançons plus rapidement vers cette destruction, car nous ne vivons plus.

Cette trinité reposant sur ces trois forces nous donne une dynamique universelle sur laquelle nous reposer pour permettre à notre individualité, au travers de notre dualité, de pouvoir évoluer vers notre unité. Aucune de ces forces ne peut être rejetée ou même ne pas être acceptée ou considérée, nous avons besoin de tous ces aspects pour vivre et avancer vers cette unité, car celle-ci existe à la fois dans cette dualité et dans cette trinité.

De ce fait, il n’existe pas de comportement négatif tant qu’il existe dans cette dynamique. Un comportement ne sera plus positif que lorsqu’il existera hors de cette dynamique, c’est-à-dire qu’il cherchera à nourrir des attachements dans un mouvement centrifuge. Pour donner un exemple concret, la revanche ou la vengeance est un comportement très salutaire si elle existe en tant que volonté de dépasser un expérience que l’on a voulu nous imposer. Nous avons alors une émotion qui nous donnera l’énergie nécessaire pour grandir au-delà de cette expérience et évoluer un peu plus vers nous-mêmes. La vengeance deviendra quelque chose de très dommageable lorsque l’on essaye de simplement renvoyer à l’autre cette expérience que l’on a ressentie comme étant nuisible. On ne peut pas dépasser cette expérience, puisque l’on s’en sert de la même manière que ce qui nous a posé problème, et nous créons ainsi un attachement, à notre souffrance, à notre condition de victime, à l’injustice, à toutes ces choses que l’on place en-dehors de nous-même et qui nous éloigne de notre unité. Alors on peut tout à fait prendre notre revanche sur ce que l’on a traversé dans la vie, on avance vers la destruction des nos anciennes croyances en utilisant l’énergie donnée par ce besoin et ce sentiment de vengeance pour créer de nouvelles structure plus cohérentes et intègres.

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