Le mystère des états de consciences

Nous entendons souvent parler des états de conscience lorsque l’on s’intéresse aux psychotropes en générale et aux enthéogènes en particulier, mais en réalisant rarement qu’il ne s’agit en rien d’un état exceptionnel ou anormal, forcément induit par un agent extérieur. En effet, chacun d’entre nous fait l’expérience de ces états de conscience à plusieurs moments de la journée : Lorsque l’on rêvasse en conduisant sur l’autoroute, lorsque l’on se promène seul en forêt, lorsque l’on médite, lorsque l’on glisse dans le sommeil chaque soir. La seul étrangeté réellement serait d’avoir permis que s’installe dans l’esprit collectif l’idée qu’il existe un état de conscience « modifiée » (ou état « modifié » de conscience selon les manières de l’exprimer).

Nous considérons qu’il s’agit d’une erreur fondamentale qui ne se base que sur un ressenti inhabituel, dans le sens où puisqu’il s’agit de sensations et de perceptions tellement étranges, qu’on en conclue automatiquement que cela ne peut résulter que d’une altération d’un processus naturel. Quand j’ai écrit mon livre « Visions chamaniques, L’Imaginal et l’Ayahuasca« , j’ai réservé une partie importante à ce principe de fonctionnement. La détermination d’un état de conscience ne se fait donc pas en fonction d’une importance de la modification, mais en fonction d’un niveau d’état de consciences (ce que j’ai donc appelé le NEC) qui rend compte de l’importance relative qu’occupe chaque conscience, résultant en un état global.

Vous remarquerez évidemment que je mentionne « état de consciences » et non plus « états de conscience ». La différence est subtile, mais très importante, car c’est ce qui me permet de dire qu’il n’y a aucune modification de conscience. L’importance relative qu’occupent ces consciences (conscience ordinaire et conscience agente), permettant d’estimer où l’on se situe entre un un état de conscience ordinaire et un état de conscience chamanique. C’est précisément ce que l’on utilise en hypnose ericksonienne lorsque l’on induit une transe hypnotique pour permettre à la conscience agente de prendre le pas sur la conscience ordinaire et ainsi accéder plus facilement aux informations de l’inconscient.

Les implications, lorsque l’on considère ce principe de fonctionnement, sont très intéressantes et remettent en question beaucoup de croyances et d’idées reçues concernant notre manière d’appréhender ces états chamaniques. Il s’agit bien évidemment d’un schématisation très succincte de tout ces notions que j’ai développé dans le livre, mais l’essence est bien là : la simple existence de cette imagination agente, telle qu’elle a toujours existé dans les divers courants philosophiques avant l’avènement du dualisme cartésien au XVIIème siècle. Nous ne plongeons pas dans quelque chose d’anormal lorsque l’on médite, que l’on rêve ou que l’on participe à une cérémonie d’Ayahuasca, mais nous glissons dans un autre état naturel avec lequel nous sommes moins familiers, notre éducation et nos cultures ne participant plus à nous enseigner son existence et ses fonctionnements. Ce livre est aussi un moyen de comprendre la nature de ces visions et de ces ressentis, de retrouver une partie de cet enseignement.

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