La voie du Guerrier

Un aspect moins agréable lors de mes différents séjours en Papouasie, est la présence d’armes non-fabriquées à l’aide de morceaux de bois. Non pas que les lances ou les longues flèches soient moins léthales, mais leur présence n’intimide vraiment pas autant. En arrivant la première fois, j’avais été frappé de voir autant d’armes d’usines, jusqu’aux grands classiques tels que les M16.

Size does matter…

La provenance des ces armes est assez obscure et chaque heureux propriétaire conte une histoire différente, qui parfois déborde quelque peu dans le récit fantastique. Mais une chose est certaines : « size does matter!« , plus son fusil est gros plus le gerrier sera fier, arrogant et content… même s’il est totalement impossible de se procurer les munitions. Car oui, si un traffic quelconque a permis à une personne de se procurer une telle arme, ces mêmes trafiquants n’assurent pas vraiment le service après vente, donc les balles sont soigneusement gardées et personne n’entend jamais les coups tirés par ces armes « exotiques ».

En revanche, les cartouches de fusils plus traditionnels sont relativement faciles à trouver ; pas forcément dans la région où elles se payent à prix d’or, mais au moins dans le pays. Donc ces armes là sont beaucoup plus nombreuses et faciles à trouver. Le seul problème pour un guerrier Huli au milieu des Highlands étant de trouver l’argent nécessaire à son achat. Mais là encore il existe une manière de contourner ce problème : il peuvent fabriquer le fusil. Alors après un laborieux travail de taille d’un morceau de bois pour la crosse, après avoir solidement fixé un tube en métal agrémenté d’un ressort et d’un clou en guise de percuteur, le guerrier pourra enfin arborer sa nouvelle arme.

Façonnage d’un fusil

Si cette méthode est efficace, dans le sens où un outil permettant d’utiliser des balles normales a été fabriqué, et peu onéreux, elle s’accompagne d’un danger inhérent à la fabrication artisanale d’une arme de précision : ça ne marche pas toujours. Les conséquences sont alors parfois graves ; en effet, si le tube utilisé n’est pas parfait, ou si le système permettant de faire exploser la balle manque de précision, celle-ci risque d’exploser à l’intérieur du tube. Comme certaines personnes le disent là-bas avec un certain humour, « une personne borgne et à qui il manque un doigt ou deux, n’est pas un très bon artisant ».

J’imagine que c’est un risque que beaucoup de guerriers sont prêts à encourir dans les Highlands. Si le nombre de ces armes est difficile à estimer, j’ai été témoin un jour d’un évènement rare. Le gouvernement, suivant une volonté de réduire les conflits dans ces zones, a fait une demande à la population pour que toutes les personnes possédant un fusil acceptent de le remettre aux autorités à une date précise pour que toutes les armes collectées soient ensuite détruites. Cette demande s’accompagnant d’une loi interdisant la possession de telles armes, un très grand nombre ont répondu à l’appel… jusqu’à remplir un camion benne en entier. Les jours suivant, plusieurs hommes s’attelaient de nouveau et en tout discretion à re-tailler un nouveau morceau de bois.

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