Le travail de déconstruction dans l’introspection

Initialement, mon premier réflexe avait été d’appeler cet article « Le travail de déconstruction dans l’expérience chamanique », mais évidemment, cela aurait trop restrictif, car ce processus se retrouve bien évidemment dans la plupart des formes de thérapie, et l’introspection occupe une part essentielle.

Dans mon ouvrage « Visions chamaniques, l’Ayahuasca et l’Imaginal« , plusieurs œuvres de l’artiste Yoaz on illustré les pages, notamment du fait du sens qu’elles portaient et qui était en parfaite adéquation avec les propos tenus. Chacune de ces images raconte une histoire, se charge d’un ou plusieurs concepts qu’elle vient rendre visible, capable d’impacter l’esprit et le corps en même temps. Aujourd’hui, au détour d’un fichier, j’ai recroisé l’une d’entre elles qui s’inscrivait particulièrement bien dans les propos des mes derniers articles ici :

introspection et déconstruction

Cette image que Yoaz avait intitulée « Transfert de données » est celle qui selon moi exprime le mieux cette idée de déconstruction. Durant mon apprentissage chamanique auprès de mon maitre en Equateur, il m’avait régulièrement répété que le travail avec l’Ayahuasca était un travail de déconstruction, que c’était quelque chose qui se faisait de manière progressive, logique, ordonnée et systématique. Plus tard, durant les années où je pratiquais en tant qu’ayahuascquero, j’ai toujours gardé l’idée qu’il s’agissait d’une notion importante, alors j’articulais mon explication autour d’une métaphore amusante, celle d’une maison. Lorsque l’on prend l’Ayahuasca, celle-ci devient, le temps de la cérémonie, la nouvelle propriétaire du corps et de l’esprit de la personne. Elle investit les lieux, et la première chose qu’elle va faire sera évidemment de faire un état des lieux, de regarder ce que vous auriez essayé de cacher dans la cave, au grenier ou même sous un tapis, elle va partir à la recherche de tous ces cartons qui ont été oubliés dans un coin, fermés sans étiquette, oubliés.

D’une certaine manière, c’est ce que nous faisons toute notre vie, nous empilons des cartons que nous cataloguons tant bien que mal. Certains cartons renferment certains types d’expériences, et l’étiquette que l’on y apposera sera la conclusions, la croyance que l’on aura extrapolée de ces expériences. Certains cartons n’auront pas d’étiquette parce que l’on n’arrive pas à les contextualiser, ou à accepter leur réalité ou la réalité de leurs implications. Lorsque l’on entame un travail sur soi, que l’on début ce voyage, cette quête introspective, on commence un travail de déconstruction. Que cela soit avec l’Ayahuasca ou grâce à n’importe quelle autre méthode d’exploration intérieure, on est face à des piles de cartons rangés n’importe comment, certains des zones tellement encombrées qu’elles restent encore inaccessibles. Alors on commence par ouvrir un carton, on en vérifie le contenu et on s’assure que l’étiquette correspond toujours à ce contenu. Puis on va prendre le carton et le ranger à un endroit approprié, avant de s’atteler à un autre carton, une autre pile.

Plus nous avançons dans cette déconstruction, plus nous développons notre capacité à identifier la véritable nature de nos expériences, à prendre le temps de recontextualiser et relativiser des expériences anciennes à la lumière de nouvelles avancées et de nouvelles compréhensions. Peu à peu, nous nous éloignons d’un certain fatalisme, puisque l’on ne subit plus le contenu des cartons inconsciemment, on devient proactif et décideur dans la manière dont nos expériences pourront devenir ou pas des conclusions et des croyances. C’est à dire que l’on utilisera plus les conclusions d’expériences obsolètes et incomprises comme connaissances sur lesquelles nous baserons nos comportements.

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