Ma nouvelle sortie littéraire
Conversation avec un cynique est un roman, un hui-clos dans lequel deux personnes coincées dans un ascenseur dialoguent sur le monde qui se trouvent au-delà des parois de la boite dans laquelle ils sont enfermés. Il suffit parfois que notre univers soit réduit à un espace minuscule pour que l’on prenne vraiment le temps de contempler le monde dans lequel on vit. Ce monde existe à l’intérieur de nos têtes, dans la réalité que nous nous sommes construite, notre plus grande erreur et source de souffrance étant de penser qu’elle est universelle et tangible. Enfermé dans cette boite, il devient possible de contempler la nature de ces réalités et comment les individus vivent dedans et interagissent.
La conversation avec l’autre est un point d’articulation autour duquel la pensée se love et se développe, qu’elle prend son envol et cherche sa liberté. Lui et l’autre s’attaquent à certains concepts et idées liées au développement personnel qui se sont démocratisées dans les esprits aujourd’hui, tout le monde les connais de noms, mais sans toujours comprendre ce qu’ils impliquent et demandent à la personne qui les poursuit.
L’autre est tel Diogène avec sa lanterne, il cherche un homme, quelqu’un qui écoute, qui veuille écouter et qui soit à même de regarder, quelqu’un qui ne croit pas encore qu’il sait, et qui accepte de savoir. Lorsque toutes ces notions actuelles deviennent des expressions et des poncifs que l’on brandit comme des évidences bien qu’on ne les comprenne pas, les certitudes se cimentent autour d’idée incomprises, et les croyances figent l’esprit dans une inertie dommageable à l’ouverture d’esprit. Conversation avec un cynique est un coup de pied dans ces idées reçues et ces poncifs, une occasion de remettre certaines choses à plat pour bousculer les certitudes et permettre de balayer les croyances.
Extrait de l’ouvrage :
– De la manière dont vous présentez cette idée d’ici et maintenant, j’ai presque l’impression que c’est quelque chose qui est presque incompatible avec la vie en société, que la seule solution serait alors de partir s’enterrer au fond d’une campagne isolée.
– J’imagine que c’est certainement comme cela que le vivent beaucoup effectivement. Cela ne rendra pas forcément une personne inadapté ou incompatible avec les fonctionnements de la société moderne, mais en tout cas, cela entravera profondément la capacité à accepter d’être compatible avec certains aspects de ces fonctionnements, c’est certain. Cet état, c’est le pas de recul suprême, la remise en perspective absolue. On se met à regarder tous nos mouvements qui nous ont amené jusqu’à cet ici et maintenant, toute l’énergie que l’on a pu investir dans… ce qui nous semblait important parfois. Parfois ça a été effectivement important, parfois ce n’était qu’une illusion d’importance, tant pis, on a continué à s’agiter, à investir et à parier sur d’autres finalités en espérant qu’elles soient moins illusoires… Tout est remis à plat, tout est remis en question, et le plus grand piège, c’est de regarder en arrière et de se demander pourquoi est-ce que l’on s’était agité frénétiquement jusqu’alors. On voit les autres qui continuent à entretenir cette agitation, dispensant d’énorme quantités d’énergie vers des buts creux, avant finalement de mourir, et parfois même qui meurent parce qu’ils s’étaient trop agités frénétiquement… Mais lorsque l’on existe dans le moment présent, on va regarder autre chose, on va regarder ce qui se trouve entre ces étapes, ces points d’articulation qui nous entrainent dans une direction ou une autre. On se met à observer les rouages dans lesquels on s’imbriquait jusqu’alors. On regarde avec détachement les processus menant à la poursuite ou même l’atteinte des finalités, on constate l’énergie requise, les résultats espérés et les résultats obtenus, et surtout ce que ces résultats nous ont apportés réellement. Parfois on se désole en constatant que toute cette énergie et ce temps ont été dédiés à quelque chose ayant autant d’intérêt que ce qu’une souris qui tourne dans sa roue peut espérer, outre les quelques calories brûlées c’est vrai. Et parfois, au milieu de tout cela, on perçoit une finalité qui a vraiment entrainé des changements importants et positifs.
Extrait de « Conversation avec un cynique » Sébastien Cazaudehore 2023