Fallait pas commencer…

C’est ce qu’une amie thérapeute m’a dit un jour, « fallait pas commencer », en parlant de l’intérêt que l’on porte au développement personnel. Lorsque l’on est dans un tel cheminement personnel, que cela soit au travers d’une méthodologie propre ou de formations que l’on va suivre ici et là, cela ne change rien à l’idée qu’un jour on a entamé un processus. Lorsqu’elle mentionnait ce « il ne fallait pas commencer », c’était en référence aux personnes qui traversaient une période de crise le long de ce cheminement, qui souffraient de ce que ce processus de changement pouvait impliquer.

Au fil des années mon cheminement personnel a pris différentes formes, les premières étant de trouver des réponses à des questions sans que je n’en ai vraiment conscience. Comme beaucoup de personnes, au début je faisais l’erreur de chercher des réponses, sans me rendre compte que je n’étais pas même certain qu’il y avait au moins une question posée inconsciemment. C’est dans ce contexte que se sont déroulées mes années d’anthropologue et de sociologue, inconsciemment à la recherche de réponses à des questions existentielles enfouies en moi. Ce n’est que plus tard que je devais comprendre pourquoi j’avais entrepris tout cela. Aujourd’hui, je suis à la poursuite des bonnes questions. Des questions que je teste systématiquement, dont je fais l’expérience, dont je cherche à percevoir les qualia.

Aujourd’hui, mon cheminement se fait au travers de l’écriture, chaque livre que j’écris est une réflexion sur une question spécifique, accompagnée d’un ensemble d’autres qui gravitent autour. Je ne cherche pas à répondre à ces questions, mais à en explorer les possibles et les potentiels, pour leur permettre d’exister pleinement et d’être comprises, grokkées pleinement. La réponse n’a d’importance que tant que la bonne question n’a pas encore été posée. Dans la bonne question, la réponse s’efface, elle n’a même plus d’intérêt car elle a toujours été évidente.

Mais entre ces deux points, se situe une zone particulière dans laquelle nos attachements, nos attentes, nos croyances et nos illusions (cf les notions développées dans « 27 clefs« , ainsi que dans plusieurs ouvrages à venir, et notamment « Eduquez votre cerveau« ) deviennent des poids que l’on sent peser dans nos vies. Tous existaient évidemment avant que l’on n’entame ce voyage vers nous-mêmes, mais que cela soit au travers de la recherche de la réponse ou de l’exploration de la question, lorsque l’on commence notre cheminement, ils deviennent perceptibles. On prend conscience de leur existence et de leurs influences sur nos existences, et surtout des implications que ces influences ont pu avoir dans le passé. Le début de ce cheminement est souvent une traversée du désert durant laquelle on se retrouve face à soi-même et un ensemble de vieux démons que ces réalisations ont permis de révéler.

Il fallait pas commencer. Tout y est dit. La futilité de l’idée qu’il soit possible de revenir en arrière, face à la futilité même que l’on peut avoir en découvrant ces démons, armés par nos regrets et remords, de ne pas avoir su plus tôt ce que l’on sait à présent. Aujourd’hui, je ne suis plus à la recherche de vieilles questions, j’en teste de nouvelles, parfois issues de réflexions, parfois découvertes au hasard d’une lecture, car je sais que cela sera toujours une source privilégiée pour accéder à des informations que je n’aurais pas soupçonné sinon. C’est la manière qui me correspond pour poursuivre ce chemin, avancer vers cette compréhension, comprendre mes propres intrications karmiques et percevoir les cycles qui peuvent encore m’influencer.

cheminement
Cheminement dans une démarche de développement personnel

Mais quelle que soit la méthode d’entreprendre ce travail, cette traversée du désert semble inévitable, située entre un véritable lâcher prise et une acceptation qu’il soit possible que l’on n’arrive pas à dissoudre l’ensemble de ce karma en une seule vie, et le moment où l’on réalise que tout ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien. Cette réalisation est parfois difficile, principalement du fait que l’on comprend au même instant qu’il n’y a pas de retour en arrière possible, car il est impossible de ne plus savoir, de se dés-informer de ce que l’on a déjà constaté. Le plus grand défi imposé par cette entrée dans le désert, est de ne pas céder à l’envie d’entrer dans l’inertie, de choisir de ne plus avancer en espérant que l’on pourra revenir au temps où l’on ne sentais pas les poids de nos propres croyances, de nos attachements et de nos illusions. Tout ce que l’inertie permettra à ce stade, sera de vous maintenir dans une souffrance sournoise et latente. Alors, aussi pénible que cela puisse sembler, il faut continuer à avancer, quelque part en chemin, on se défait de certains de ces poids et le voyage finit par devenir plus facile.

Comme c’est souvent le cas, ce sont les stades intermédiaires qui sont les plus instables et donc les plus pénibles. Comme le dit Sadhguru : « La différence entre un idiot et un être éclairé est mince. Les deux se ressemblent souvent, mais ils sont en fait séparés dans des mondes très différents. Un idiot est incapable de tirer des conclusions. Un mystique préfère ne pas tirer de conclusions. Les autres ont glorifié leurs conclusions en tant que connaissances. L’idiot se contente de profiter du peu qu’il sait, tandis que celui qui a vu la vie dans toute sa profondeur en profite absolument. Les autres sont ceux qui luttent et souffrent constamment« . La bonne nouvelle, c’est que plus on avance, plus on se défait des poids et des attachements qui nous encombrent et plus le cheminement devient facile. Comme le disait mon maître ayahuascquero, ce cheminement est un travail de déconstruction. On démonte d’anciennes structures pour construire nos vies sur des bases toujours mieux adaptées à notre réalité, celle de notre Soi.

Abonnez-vous à mon blog :

Nom
Email
Loading

Catégories des articles du blog :